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Dans ce poème en prose, Rilke relate un épisode de la vie d’un de ses ancêtres, Christoph Rilke, jeune noble parti en guerre en 1663

Chevaucher chevaucher, chevaucher , le jour, la nuit, le jour.

Chevaucher , chevaucher, chevaucher .

Et le coeur est si las maintenant, et la nostalgie si grande. Il n’y a plus de montagnes, à peine un arbre. Rien n’ ose se lever. Des cabanes étrangères accroupies auprès de puits fangeux., ont soif . Pas une tour à l’horizon . Et toujours la même image. On a deux yeux de trop. La nuit parfois, on croit connaître la route . Peut-être refaisons-nous nuitamment l’étape que nous avons péniblement parcouru sous un soleil étranger ? C’est possible. Le soleil pèse , comme chez nous au coeur de l’été. Mais c’est en été que nous avons fait nos adieux.

Les robes des femmes ont longtemps brillé dans la verdure . Voilà longtemps que nous sommes à cheval .C’est donc sans doute l’automne . Là tout au moins où des femmes tristes nous connaissent .

Texte en allemand

Reiten, reiten, reiten, durch den Tag,

durch die Nacht, durch den Tag.

Reiten, reiten, reiten. Und der Mut ist so müde geworden

und die Sehnsucht so groß. Es gibt keine Berge mehr,

kaum einen Baum. Nichts wagt aufzustehen.

Fremde Hütten hocken durstig an versumpften Brunnen.

Nirgends ein Turm. Und immer das gleiche Bild.

Man hat zwei Augen zuviel. Nur in der Nacht

manchmal glaubt man den Weg zu kennen.

Vielleicht kehren wir nächtens immer wieder

das Stück zurück, das wir in der fremden Sonne

mühsam gewonnen haben? Es kann sein.

Die Sonne ist schwer, wie bei uns tief im Sommer.

Aber wir haben im Sommer Abschied genommen.

Die Kleider der Frauen leuchteten lang aus dem Grün.

Und nun reiten wir lang. Es muß also Herbst sein.

Wenigstens dort, wo traurige Frauen von uns wissen

La chanson de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke (extrait ), Rainer Maria Rilke lu par Serge Reggiani

La chanson de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke (extrait ), Rainer Maria Rilke lu par Serge Reggiani