– Tu n’as donc pas compris que tous ces gestes, que tous ces mots qui s’approchent de toi meurent si tu ne les accueilles pas.
« Les Champs magnétiques » – André Breton et Philippe Soupault
« Les Champs magnétiques » est un recueil de textes en prose écrits en mai et juin 1919 par André Breton (1896-1966) et Philippe Soupault (1897-1990) et publié en mai 1920. Ce livre est une des premières applications systématiques de l’écriture automatique. Il est considéré par André Breton comme le « premier ouvrage surréaliste (nullement dada).»
Le résumé de l’éditeur :
Source : Gallimard
Les Champs magnétiques
suivi de S’il vous plaît et de Vous m’oublierez
Première parution en 1968
Préface de Philippe Audoin
Collection Poésie/Gallimard (n° 74),
Gallimard Parution : 29-09-1971
«Lorsque, au printemps de 1919, André Breton et Philippe Soupault conçoivent et expérimentent la méthode d’écriture d’où naîtront non seulement Les Champs magnétiques mais deux pièces de théâtre : Vous m’oublierez et S’il vous plaît, sans compter nombre de textes automatiques, l’un a vingt-trois et l’autre vingt-deux ans. Au même âge, Rimbaud venait de rompre avec la poésie ; Isidore Ducasse s’arrachait aux Chants de Maldoror et affrontait cette Préface à un livre futur par quoi se donnent les Poésies.
En 1918, Breton et Aragon, encore mobilisés, se portaient régulièrement volontaires, à l’hôpital où ils étaient affectés, pour assurer la garde de nuit et là, des heures durant, se lisaient à voix haute les psaumes démoniaques du Comte de Lautréamont. L’année suivante, Breton recopie, à la Bibliothèque nationale, l’exemplaire unique des Poésies, qui sont publiées en avril, dans le n° 2 de Littérature, revue qu’il vient de fonder avec Aragon et Soupault.
On serait tenté de penser que, dans l’esprit des « scripteurs », Les Champs magnétiques sont précisément ce « livre futur » annoncé, au seuil de la mort, par le jeune Ducasse. En un sens, en effet, ils répondent à l’injonction de l’initiateur : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. » Par-delà les Poésies, les Champs se mesurent aux Chants. L’outrance rhétorique perverse et savante de Maldoror, la sécheresse pseudo-conformiste de Ducasse retournant Pascal et Vauvenargues comme on dépouille un lapin, instituent, dans leur apparente opposition, une zone d’extrême turbulence d’où peut jaillir, sans entraves ni scrupules, la voix automatique.»
Philippe Audouin.