« Je suis revenue d’entre les morts et j’ai cru que cela me donnait le droit de parler aux autres et quand je me suis retrouvée en face d’eux je n’ai plus rien eu à leur dire parce que j’avais appris là- bas qu’on ne peut pas parler aux autres. »
Alors vous saurez
qu’il ne faut pas parler avec la mort
c’est une connaissance inutile
Charlotte Delbo fut déportée à Auschwitz. Son oeuvre, à l’égal de Primo Levi, témoigne de ce qu’elle a vu et vécu dans les camps d’Auschwitz et Ravensbrück. « Une connaissance inutile » est son troisième ouvrage sur les camps de concentration.
D’abord incarcérée à la Santé, à Paris, elle est transférée à Romainville, le 24 août 1942. Puis déportée à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943 – un convoi de 230 femmes dont elle racontera le destin, après la guerre. Elle est l’une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras.
Avant d’être déportée, elle fut l’assistante de Louis Jouvet. Les pages où elle évoque comment le théâtre a pu l’aider à survivre par l’imaginaire au coeur de l’horreur, sont parmi les plus belles jamais écrites sur cette période. Une oeuvre au noir qui ne renonce pas à la lumière
« Chacun témoigne avec ses armes …je considère le langage de la poésie comme le plus efficace- car il remue le lecteur au plus secret de lui-même et le plus dangereux pour les ennemis qu’il combat. » (propos sont extraits d’un entretien paru dans « Le Monde » du 20 Juin 1974)
Une connaissance inutile. Auschwitz et après II – Charlotte Delbo – éditions de Minuit 1970